mardi 5 avril 2022

La maison 5

 



Parfois quand le besoin de solitude est trop fort, elle va se réfugier dans la jacobine, elle y accède par une échelle en haut de l’escalier qui amène à un petit couloir, au fond s’ouvre une porte minuscule et elle entre dans une sorte de trou de souris; tout l’espace est resserrée autour de la fenêtre qui apporte un grand carré de ciel, ses parents n’aiment pas qu’elle grimpe la haut mais elle le fait quand même, parfois avec un livre et en soutirant leur permission par je ne sais quel tour de magie. Lire demande un repli, une intensité, une vie secrète, un coin secret, dans sa tête alors se déplie l’espace refermé autour d’elle, elle y vit les aventures de ses héros, le prince Eric est un de ses préférés, la jacobine est alors traversée de forets nordiques, de cascade norvégienne, d’océan, elle est déjà en haut du mat de la maison , elle entend le vent, elle sent les vagues, elle n’a que les livres, les histoires comme espace à elle comme vie à elle, comme apaisement aux angoisses qu’elles sent autour d’elle. La jacobine est un cocon où s’enroule des rêves, des images, personne ne vient ici, c’est tellement petit, il y a juste un petit banc pour elle c’est comme une maison de poupée la maison des trois ours où boucle d’or cherche l’objet adapté pour elle. A ses pieds le plancher en bois noirci, elle peut toucher de ses deux mains écartées les cloisons de plâtre rongées par endroit de moisissure. Au dessus de sa tête un minuscule toit s’élève sans plafond, posé sur des poutrelles, elle aime y voir danser la poussière le matin dans un rayon de soleil blafard, elle sait qu’au dessus il y a les tuiles grises , on les voit d’en bas quand on arrive sur le carrefour et qu’on aperçoit la jacobine surplombant fièrement la maison, elle sait quand on la regarde d’en bas que c’est son lieu, que c’est à elle, elle n’en parle jamais, il ne se dévoile pas , il est à l’intérieur, il ne dit rien, il se métamorphose, il est le bateau livre d’une maison océane.






vendredi 11 février 2022

La maison 4

 

ATELIER DU 20 / 01 / 2022


Il y eut ce rêve: elle est dans le couloir de la maison, celui du bas donnant sur la rue de l’océan, entre le magasin de chaussures, un portail de garage toujours fermé et la porte du jardin, couloir où elle n’est jamais allée puisque c’est l’une des entrées des propriétaires, la mère et le fils ; elle traverse des piles de journaux entassés, poussiéreux, collés ensemble par l’humidité, il se dégage une odeur d’encre délavée, de papier mouillé, moisi, une odeur de vieux, une odeur de mort, y a-t-il une odeur dans les rêves ? dans une semi obscurité et très peu d’espace, elle se glisse avec peine comme repoussant les piliers d’un passé qui l’enserre, elle se faufile, écarte avec ses mains des filaments de liasses jaunies, un journal gît à terre, papillon écrasé, aux ailes tombant en poussière, froissées, piétinées, on aperçoit encore dessus quelques lettres, tout est brouillé, un déchirement de mots, elle plisse les yeux, tente de déchiffrer ces formes qui semblent surgies de terre, qui rampent vers elle comme de noires tentacules; elle anone «r a i r e d e m a r» au dessous il y a des traits verticaux qui ondulent, elle y voit des algues marines fines et sombres agitées par des vagues, des signes kabbalistiques s’enroulent autour de ces lignes, impossible de traduire ces pattes griffues dans le reste de la page en décomposition.


Elle se réveille sur cette énigme, son rêve plutôt cauchemardesque la ramène à juillet 2017, elle se plonge dans ce souvenir, elle était parti quelques jours dans ce lieu d’enfance, retournée devant la maison où elle a passé ses vacances de 1961 à 1970, elle se souvient de la tristesse qui l’a submergée face au bâtiment encore debout, délabré, en lambeaux, se souvient d’avoir vu passé dans les rues comme dans un rêve, le fils Marquisaud, espèce de clochard des rues, hirsute, voûté, traînant un caddy rempli de vieux journaux, elle ne l’a pas vu colmatant son couloir avec ses papiers de récupération, elle a juste aperçu le corridor plein de revues ; elle se rappelle avoir demandé au kiosque du coin des nouvelles de cette famille, on lui a parlé de la décrépitude du fils, la mère morte, une aposiopèse glaciale s’était alors abattue sur la maison ; délaissée, craquelée, effritée, on l’a laissé se défaire sans rien faire, comment tenait-elle encore debout, par le seul désir de ses souvenirs à elle, par la pensée magique du dernier de ses habitants qui la trouvait encore belle, qui ne voyait pas les attaques du temps, ne voulait rien changer? pas un centimètre ne devait bouger, il vouait la maison à l’abandon comme on refuse le temps qui passe; les journaux lui servaient de matériel de soutien auquel se raccrocher, combler le vide, la solitude, le délabrement de lui-même et de la maison; il ne ressentait plus rien, ne savait pas pourquoi il faisait ça, au fil du temps le sens s’était perdu, s’entourer de journaux qu’il empilait, ça le réchauffait, le reliait inconsciemment aux autres avec lequel il ne parlait plus, au monde dont la rumeur ne lui parvenait plus, dernier fil avant la fin, dernière pile avant l’effondrement.


Dans sa plongée dans le passé lui revient la voix de sa mère parlant de Marquisaud en 68, alors qu’il voulait être artiste et qu’on l’entendait chanter dans la chambre du bas, «c’est un original!» disait-elle, phrase lapidaire, sans appel, elle repense à cette phrase de Thierry Metz lue hier au soir: La résistance de la société à toute autre forme d’existence ne peut faire de nous que des êtres absurdes, voués –et seulement à cela– à de l’obéissance. Elle penche du coté de l’homme qui penche livre que Metz a écrit; ça aurait été tellement bien que Roger Marquisaud, le prénom lui est revenu d’un coup, réalise son rêve, qu’il devienne artiste; entre le rêve de la nuit et sa rêverie de promeneuse en 2017 quels fils s’étaient tissés, quel part de vérité, quel message à décrypter, elle est sûr d’avoir vu ce couloir, cette béante plaie ouverte sur la rue exhalant cette suinteur d’agonie; mais pour ce qui est de ces lettres rampant dans le noir, quel message lui est adressé, que comprendre dans ce fouillis de lettres marines? les rêves paradoxaux entremêlent souvent la noirceur à quelques petites pépites, quelques rares perles précieuses dans la mare boueuse, elle vient de comprendre les lettres: raire/de mare/ l’horaire des marées! le rythme lent qui berçait son enfance d’attente, de promesse, la mer qu’on allait chercher loin vers l’horizon, les vagues avançant doucement sur le sable, si lentement, ça apprenait la patience, c’est toujours la mer qui les surprenait, les submergeait, où elle plongeait avec de délicieux frissons, ce frisson qui l’étreint aussi repensant à cet homme, il n’avait pu échapper au désespoir, aux atteintes mortifères du temps, qu’est ce donc qui fait pencher la balance? que l’on déchiffre si mal les lettres car on on pourrait lire aussi orrore del mare, horreur de la décrépitude, du cloaque ? qui peut lutter devant la marée déferlante?



Peu après son passage éclair en 2017 la maison fut vendue, restaurée, Roger le clochard vagabond sûrement mort, la maison achetée par un touriste, remise à neuf, appelée villa marquise, mais cette nouvelle maison ne lui parle plus, elle préfère les vieux murs délabrés, elle non plus n’aime pas que les choses changent, elle engrange de vieilles choses, de vieilles pierres , de vieilles fleurs séchées, pour résister au temps, avec l’illusion que les objets gardent en eux un peu de passé perdu.


Estourelle





La maison 3

ATELIER    DU  9 /  12 / 2021


La porte extérieure passée, la courette traversée, une seconde porte, puis tout de suite un escalier en bois clair, le nez de marche un peu arrondi par l’usure, en haut à droite un tout petit couloir, plutôt un passage entre les deux portes, celle de la cuisine et de la chambre. Il faut donc encore deux clefs plus celle d’en bas et celle de la rue on en est à quatre. Pénétrons dans la cuisine, c’est une pièce modeste humble sans fioriture avec un évier rudimentaire, des casseroles en fer blanc pendent au mur sur des crochets bleus, un réchaud à gaz sur une petite table avec sa bouteille de propane bleue en dessous, à coté un meuble en bois gris où se trouvent quelques ustensiles nécessaires de vaisselle, juste ce qu’il faut pour une location de vacance, quatre assiettes, quatre verres, quatre bols, une boite en fer remplis de fourchettes couteaux et cuillères, quelques tasses à café, à côté de l’évier une fenêtre étroite donne sur le jardinet, on aperçoit des roses trémières rouges carmin qui montent le long du mur, elles éclaboussent un instant la visite des lieux et l’œil le reçoit comme un cadeau, l’œil est sans pourquoi, il prend; la vision s’en va ou reste quelque part dans l’hippocampe cette partie très ancienne du cortex, ce repli interne du lobe temporal du cerveau dont la forme incurvée rappelle la queue d’un hippocampe, eux, animaux marins flottent aussi dans la pièce, il y a une table en bois recouverte d’une toile cirée au motif florale, un mélange baroque sur fond crème de pivoines, pétunias, pensées et coquelicots, au mur un seul tableau, une peinture de montagne avec la légende: pic du Canigou, petit rappel du nom de la maison inscrit sur le fronton extérieur de la maison, des couleurs passées embrument un paysage enneigé, autour de la table, les chaises de paille claires et de bois bruns sont sans attente.


Il faut repasser dans le sas d’entrée pour rejoindre en face la porte de la chambre, elle grince un peu en s’ouvrant, Ce qui frappe en entrant c’est la forme trapézoïdale du lieu, ce guingois donne une impression de tangage, une légère sensation de déséquilibre. Deux grands lits occupent presque tout l’espace, recouverts de grosses couvertures matelassées imprimées de petites fleurs rouges grenat sur fond violet, il y a deux fenêtres donnant sur la rue et sur le carrefour, entre les deux une commode ventrue en merisier sombre plaquée contre le mur de larges tiroirs lourds baillent. Un lavabo de porcelaine blanche au pied d’un des lits à coté d’une fenêtre, les robinets de fer gris à grosse tête crénelée font un petit couinement quand on les tourne; au dessus un miroir écaillé par endroit renvoie l’image de la chambre en trompe l’œil, dessous un pot de chambre émaillé blanc avec un couvercle écaillé aussi; un seul tableau sur le mur, au dessus de la commode, photographie en noir et blanc des deux tours du port de la Rochelle, Saint Nicolas et les quatre sergents, s’ouvre une invisible porte océane qui dans cette chambre étroite étriquée élargit l’espace; quelque chose d’impalpable, respire, s’échappe entre ces deux tours; le parquet en bois sombre ressemble au pont d’un navire usé par le temps, par l’air salin, les pas des locataires qui les ont précédés ou ceux de la famille d’avant, famille de la propriétaire dont on ne sait pas grand-chose en fin de compte que ces murs défraîchis recouverts d’une tapisserie rose pâle presque blanche, d’un passé en train de s’effacer. Eux aussi n’ont été que de passage.


Les W.C sont en bas, il faut reprendre l’escalier et aller au fond du jardin, une sorte de cabane spacieuse, une vraie pièce, l’isoloir de la famille, on y ressent cette solitude désirée, ardemment, les rêveries prolongées dans la tête, récits imaginaires, visions d’espace, de bateaux, de mer, de chevaux, lieu de lecture, d’écriture, à la sauvette, moments où fut déjouée l’attention des parents, lieu à soi, si peu, temps si fugitifs, si éphémères, un dérisoire lieu intime, le plus intime qui soit ici, et quoi! nul honte à écrire que l’intime organique rejoint l’intime de l’âme! 


Estourelle





La maison 2

 

ATELIER DU 18 NOVEMBRE 202


Cest devant la porte que le temps bat et résonne, comme un tambour, juste avant qu’elle ne s’ouvre, un moment suspendu entre un avant et un après, une embrasure sur une inconnue, ça fait taper le cœur, ça met des éblouissements dans les yeux; cette porte n’a rien d’extraordinaire non, c’est l’attente de son ouverture qui en fait son épaisseur, en bois sombre, un peu fendillé, peinte en marron terni, elle laisse deviner un jardinet derrière avec des roses trémières s’élevant au dessus du mur, présage d’un espace merveilleux à venir. Il faut une clef pour entrer, celle-ci en fer grossier, lourde dans la main, massive, imposante, pose déjà la question: comment entrer dans l’histoire sans être sûr d’y arriver, les apparences sont trompeuses, les objets peu fiables, les clefs peuvent rouiller au point de s’élimer et ne plus pouvoir faire tourner la gâche dans la serrure, l’huis resterait clos, ainsi que la possibilité d’entrer dans ce jour. Le cœur de l’enfant se serre un peu, cela demande déjà foi en la matière, en l’homme qui fabrique les objets, à l’entropie de l’univers qui contient en lui la possibilité d’une désorganisation, d’un désordre, une destruction ou un passage transformateur, que quelque chose soit enclenchée pour qu’une autre énergie apparaisse. C’est au-delà de son entendement, ça dépasse de loin l’envie d’entrer, de franchir un seuil, il n’y a pas de retour en arrière possible, c’est la loi du temps, naître à quelque chose, se risquer à découvrir plus loin, ça se laisse désirer, mais elle, elle veut juste que les choses avancent, elle trépigne dans ses petits pieds après cette longue nuit en train. Elle songe à cet instant à la porte de chez sa grand-mère à Saint-Étienne, avec son heurtoir en bois qui semble dire «toc toc! ouvre toi! par la seule force des sons, la seule force de l’imaginaire ou bien «abracadabra», que l’on traduit en hébreu par «je ferai, comme je dirai», formule magique qu’elle affectionne parce qu’elle croit que personne ne sait ce que ça veut dire, ça a le pouvoir qu'on lui donne et à ce moment, elle qui ne connaît pas l'hébreu, qui est seulement à l’âge de la pensée magique, elle entend les mouettes dans le ciel bleu qui crient en ricanant de leurs becs acérés: coua coua! que faîtes-vous là vous qui n’y êtes point encore ?


Que se passe-t-il derrière cette porte ?


On ne sait, quelque chose en nous le sait, comme la graine sait la plante


Quelle est l’histoire de la plante ?


Découvrir le pourquoi de la lumière (Cf le livre des questions d’Edmond Jabès)


A moins que la réponse ne soit dans ce morceau de chanson de Léo Ferré qui me revient, la mémoire et la mer:


Et sous mon maquillage roux                                

S’en vient battre comme une porte                        

Cette rumeur qui va debout                                   

Dans le rue aux musiques morte

                          

C’est fini la mer c’est fini

Sur la plage le sable bêle

Comme des moutons d’infini

Quand la mer bergère m’appelle  (Ferré)





Estourelle



La maison 1

 

ATELIER DU 21/09/2022


Elle ne se souvient plus de la première fois, elle sait que c’est l’été, le temps des vacances, elle sait qu’ils arrivent en train dans la petite gare de cette station balnéaire plutôt ordinaire. De la gare à la maison il doit y avoir un kilomètre, pas très loin mais suffisamment pour des gens à pieds portant des bagages, elle n’a pas les souvenirs du tout début, mais elle a la suite des années, elle peut les imaginer, chacun avec leurs valises et leurs paquets à la main, elle a six ans, se laisse emporter par la sensation de sécurité qu’on les enfants de cette âge quand ils sentent, ils savent, que les parents connaissent tout, les protègent de tout, sauf que ce n’est pas vrai, la vie se charge de le démontrer cruellement. Lorsqu’ils arrivent tous les quatre devant la maison, celle-ci forme un angle aigu entre deux rues et s’avance sur un petit carrefour comme le faîte d’une montagne ou la proue d’un navire, cela lui parait gigantesque, elle s’aperçoit plus tard de cette inscription en haut, sur la face avant, au-dessus de la fenêtre: «Pic du Canigou», elle n’a jamais su pourquoi, une étrangeté dans ce plat pays marin. Encore au-dessus, s’élève une jacobine, brisure rustique dans le ciel bleu de ce matin-là, ou nid-de-pie du haut mâts d’un voilier, on ne sait, on ne saura jamais. Il y a deux étages, le rez de chaussée, un magasin de chaussures, habillé de coquettes boiseries jaunes, encadrant vitrines et porte, plus deux grandes bottes noires dessinées de part et d’autre de cette porte. L’enseigne au dessus, jouxtant les fenêtres du premier étage de la face nord, arbore aussi une botte mais rouge, figure de proue de ses rêves à venir. Le soir, elle ne le sait pas à ce moment là, cette botte s’allume, devient un phare dans la nuit. Un crépi écru recouvre les murs, des pierres calcaires grisâtres, autrefois blanches, propres aux habitations Charentaises entourent les fenêtres aux volets gris foncés mi-clos, ne laissant rien deviner de l’intérieur, protégeant peut-être quelques épais mystères. les propriétaires habitent une partie du premier étage, travaillent dans le magasin et louent deux pièces au premier étage, celles qu’ils habiteront pendant si longtemps au point de s’approprier ce lieu dans l’imaginaire secret de chacun. Sur l’autre face, la maison trace le commencement d’une longue rue, peu large, fleurie plus loin de quelques roses trémières, la plaque de la rue s’affiche sur le mur de la bâtisse. Ce nom tue la chose, car comment un mot de trois syllabes pourrait-il contenir tout l’infini de l’océan. Elle, n’a jamais vu la mer, elle sait à peine lire mais ces mots vont devenir un viatique à la saveur sensuelle qu’elle prononcera souvent plus tard, lorsqu’elle sera loin de cette demeure, les fera rouler dans sa bouche comme les petits galets ronds de la plage à marée basse: «Rue de l’océan, Rue de l’océan », un écho lointain du passé qui tente de la rejoindre. Dorénavant et jusqu’à la fin de l’aventure ce nom restera lié à la maison et fera sa légende. Pour l’instant les parents et les deux enfants font quelques pas dans la rue le long du mur, jusqu’au portillon de bois marron, bordé de buissons, les fleurs clochettes, roses et blanches semblent les observer. Ils ont posé leurs valises, ils attendent les clefs. La petite fille regarde en plissant les yeux, là-bas au loin, au bout de la rue de l’océan une mince ligne argentée dessine l’infini.



Estourelle





vendredi 7 février 2020

Anniversaire

Anniversaire(s) (2006-11-22 ) 

Un anniversaire, ce n'est pas forcément le jour J. 
L'anniversaire c'est un rendez-vous avec l'enfance. 
On devrait pouvoir choisir ces moments-là. 
Ce devrait être un moment intérieur intime et intense, 
Un rendez-vous avec soi... 

S'extraire du monde 
et entrer au monde. 
Rendez-vous avec l'enfant 
sur l'île, 
mais l'enfant s'éloigne 
pensif. 
Au front du songeur 
trois étoiles gravées.  

Rencontrer l'enfant, 
au gré du vent, 
loin du chahut, 
près d'un phare 
ou d'un tamari 
le vent de l'océan 
dure éternellement, 
et pour un enfant 
ce n'est rien, l'éternité. 

Alors j'ai pris le temps 
de regarder 
la mer monter. 

Un jour lointain 
tu as fumé 
près de ce phare. 

Aujourd'hui 
tu  passes ici 
en rêvant. 

La mer engloutie 
les souvenirs. 
Il reste un peu 
de fumée bleue, 
une brume évanescente, 
l'ombre du phare 
au soleil couchant.

Estourelle 

La maison 5

  Parfois quand le besoin de solitude est trop  fort, elle va se réfugier dans la jacobine, elle y accède par une échelle en haut de l’esca...